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De profundis
7 août 2020

La polémique du Rafale en Inde

On pensait la question du renouvellement des avions de chasse indiens - à peu près- réglée. Côté biréacteurs de l’armée de l’air, une commande de 36 Rafale sur étagère, signée en 2016 par le premier ministre indien Narendra Modi, avec la possibilité de commander quelques dizaines de chasseurs de plus. Côté mono-réacteurs, une compétition entre le Gripen E suédois et le F-16 américain pour 114 appareils. Enfin, côté Marine, un duel Rafale Marine - F/A-18 pour un contrat potentiel de 57 chasseurs embarqués. Ces trois contrats devaient permettre à l’armée de l’air de remonter de 31 escadrons à 42, et à la marine de renouveler ses MiG-29K embarqués.

Le problème, c’est qu’en Inde, rien n’est jamais simple. Selon le Times of India et plusieurs sites spécialisés, le gouvernement indien envisage d’élargir la compétition F-16 - Gripen aux biréacteurs type Rafale, Eurofighter, tour en avion de chasse et autres MiG-35. La décision, technique en apparence, serait en fait un tremblement de terre. En gros, on se dirigerait tout droit vers une nouvelle usine à gaz de type MMRCA (Medium Multi-Role Combat Aircraft), une compétition géante lancée en 2007 que l’Inde n’avait jamais réussi à boucler.

Rappel des faits. A l’issue d’un appel d’offres géant impliquant le Rafale, l’Eurofighter Typhoon, le Saab Gripen, le F-16, le F/A-18 et le MiG-35, une finale 100% européenne avait opposé le Rafale au Typhoon. Le chasseur français avait finalement été sélectionné en 2012, mais les négociations avaient buté sur la responsabilité des 108 Rafale qui auraient été assemblés en Inde par le partenaire HAL. L’Inde voulait que Dassault en soit responsable, ce que le groupe français refusait. Finalement, l’appel d’offres avait été annulé courant 2015, au profit d’un achat sur étagère de 36 Rafale, signé en 2016.

Autant dire que le lancement possible d’une nouvelle usine à gaz, avec très probablement les mêmes appareils en concurrence, interpelle. D’abord, le nouvel appel d’offres décrédibiliserait la compétition originelle, qui avait vu des tests poussés sur chaque appareil, et la sélection finale du Rafale sur des critères de prix, de performance et de transfert de technologie. Ensuite, il retarderait la sélection du gagnant, et donc l’entrée en service des appareils. L’histoire MMRCA avait duré près de 10 ans, il n’y a guère de raison que l’Inde aille plus vite cette fois-ci.

Un retour de MMRCA serait aussi une mauvaise nouvelle pour Dassault. En créant une usine en partenariat avec le géant indien Reliance à Nagpur, un investissement de 100 millions d’euros, l’avionneur français s’est mis en position d’assembler des Rafale sur place, en cas de nouvelle commande. Un nouvel appel d’offre rendrait cette perspective plus lointaine. Le PDG du groupe Eric Trappier, rencontré le 21 février dernier, assure rester confiant. « Lors du contrat MMRCA, il y avait une volonté de 126 avions Rafale, plus 63 en option, rappelle-t-il. Il n’y a pas de raison, vu de l’armée de l’air, que le besoin ait changé. Ils n’ont pas acheté d’avion depuis. ».

Si le gouvernement indien relance une compétition pour les chasseurs de l’armée de l’air, il faudra aussi voir son effet sur l’appel d’offres de la Marine. « La marine a émis un appel à information pour 57 chasseurs pour équiper les porte-avions existants et futurs, confirme Eric Trappier. Là, c’est assez simple : le Mig-29K actuel ne vole plus, apparemment. Donc il y a deux concurrents potentiels, le F-18 et le Rafale. J’ai la faiblesse de croire que le Rafale existant en Inde, que le Rafale Marine étant quasiment identique au Rafale Air, le Rafale est un bon candidat. » Selon le site indien Livefist, généralement très bien informé, le F/A-18 et le Rafale Marine ont pris une avance décisive sur les deux autres prétendants, le Gripen dans une version navalisée, et le MiG-29K russe.

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